Des tracteurs dans Paris
Quelques 4500 agriculteurs et 1512 tracteurs sont aujourd’hui à Paris pour exprimer leurs revendications. Face à la crise qui frappe les différentes filières agricoles françaises, deux syndicats, la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) et les Jeunes Agriculteurs, ont appelé à manifester pour obtenir des « rallonges » et un soutien plus fort du gouvernement.
Tracteurs, bus, caravanes. Des convois venus de toute la France convergent vers Paris et la place de la Nation. Une opération escargot est en cours à Paris, compte tenu de la vitesse des tracteurs d’environ 35km/h mais les manifestants se sont engagés à ne pas bloquer la circulation et à toujours laisser une voie disponible. Un podium sera installé au point de rassemblement où les agriculteurs prévoient de rester tant qu’ils n’auront pas obtenu ce qu’ils demandent. Une centaine de personnes, menés par les présidents de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs, Xavier Beulin et Thomas Diemer, iront à l’Assemblée nationale accompagnées d’une dizaine de tracteurs. La Confédération paysanne, deuxième syndicat agricole, ne prend pas part à la mobilisation de ce jeudi.
600 millions €
Déjà en juillet, les agriculteurs avaient fait entendre leur colère en bloquant plusieurs villes notamment Lyon et Caen ou encore le lieu touristique du Mont Saint-Michel. Ils avaient alors obtenu du gouvernement un plan d’urgence, annoncé le 22 juillet, prévoyant 100 millions d’euros d’annulations de charges et de cotisations et 500 millions d’euros de reports de dettes.
Pourquoi cette colère ?
Les filières agricoles françaises principales sont en crise et malgré le plan d’urgence prévu par le gouvernement, les agriculteurs demandent un soutien plus fort, notamment à Bruxelles lors du conseil européen des ministres de l’Agriculture le 7 septembre et espèrent des « rallonges ».
Les élevages mais aussi les exploitations céréalières subissent en effet guerre des prix dans les supermarchés, concurrence étrangère et embargo. D’après le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, 22 000 à 25 000 exploitations d’élevage seraient « au bord du dépôt de bilan ».
- La filière laitière a vu la fin des quotas laitiers européens en avril, ce qui a conduit à une baisse des prix du fait également d’une surproduction alors que la Russie a mis en place un embargo contre les produits agroalimentaires européens et que la demande chinoise a diminué de moitié.
- Les élevages bovins subissent une certaine surproduction entraînant une baisse des prix et une forte concurrence étrangère
- La filière porcine doit faire face à l’embargo russe depuis février 2014 entraînant une surabondance de l’offre sur le marché européen d’où une baisse des prix. La concurrence des élevages allemands et espagnols est rude et comme nous l’évoquions, les agriculteurs français doivent faire face à des charges supérieures à celles de leurs concurrents.
- Côté céréales et sucre, le problème tient à une offre abondante du fait de bonne récolte mondiale entraînant de fortes baisses des prix alors la France est le premier exportateur de blé tendre et le plus gros producteur mondial de sucre de betterave. #manqueàgagner
Tracteurs et animaux dans Paris, pas la première fois
Depuis les années 1980, les agriculteurs sont venus nombreux à Paris pour manifester et exprimer leurs revendications. Voici quelques exemples historiques de manifestations à Paris impliquant agriculteurs, tracteurs et parfois même des animaux.
50 000 agriculteurs, selon la police, 100 000 selon les organisateurs, manifestent dans les rues de la capitale contre la politique agricole du gouvernement. C’est la plus grosse manifestation agricole depuis 1956.
150 000 à 200 000 exploitants agricoles sont à Paris pour exprimer leur opposition à la réforme de la politique agricole commune qui impliqueraient une baisse drastique des prix, censée être compensée par des aides directes.
4 000 agriculteurs, majoritairement des céréaliers, réclament une redistribution des aides européennes.
3 800 céréaliers selon la police, plus de 11 000 selon les organisateurs et leurs 1 546 tracteurs envahissent la capitale pour dénoncer la baisse des revenus et exprimer leurs craintes quant à l’avenir de la politique agricole commune.
Accompagnés de quelques tracteurs et d’une quinzaine de vaches et de veaux, plusieurs milliers d’éleveurs (6 2000 selon la police, 11 000 selon les syndicats) se mobilisent pour la défense de l’élevage et contre la flambée des charges et le blocage des prix.
Quelques centaines de tracteurs convergent vers Paris. Cette manifestation pour la redistribution des aides européennes aux céréaliers tourne au drame avec deux accidents de la route et un mort.
300 brebis sont amenées au pied de la Tour Eiffel par quelques centaines de bergers et éleveurs venus d’Auvergne et de Champagne-Ardennnes pour exiger ‘un nouveau plan loup efficace ».
Photo : Des tracteurs sur un parking de Tourville-la-Rivière, dans le nord de la France, le 2 septembre 2015. Crédits : AFP ERIC FEFERBERG.