La Japon relance progressivement le nucléaire
Aujourd’hui, à 10h30 heure locale (01h30 GMT), le réacteur 1 de la centrale nucléaire de Sendai, Japon, a été remis en marche. Quatre ans après la catastrophe de Fukushima, le gouvernement conservateur souhaite une relance progressive du nucléaire. Si les opposants au nucléaire restent nombreux dans l’archipel, leur pourcentage a diminué en quatre ans. Retour sur ce débat qui fait débat au Japon.
La centrale nucléaire de Sendai se trouve à Satsumasendai, ville de plus de 100 000 habitants située à 1 000 km au sud-ouest de Tokyo. À partir de vendredi, le cœur du réacteur générera de l’électricité qui sera exploitée à des fins commerciales dès le début du mois de septembre, a annoncé la compagnie Kyushu Electric Power. #asap
Je souhaite que le redémarrage soit effectué en garantissant toute la sécurité qui doit être la première priorité
C’est ce qu’a déclaré lundi soir le Premier ministre conservateur pro-nucléaire, Shinzo Abe. Le gouvernement conservateur en place depuis 2012 n’a jamais caché son souhait de remettre en état de marche des réacteurs nucléaires. La raison avancée est double : économie et écologie.
¥ 3 600 milliards
Soit environ 26,7 milliards d’euros. Voici, d’après un rapport de Masakazu Toyoda, expert de l’Institut de l’économie énergétique du Japon (IEEJ), la somme supplémentaire qu’a dû dépenser le Japon, chaque année depuis 2011, en hydrocarbures pour compenser l’absence d’énergie nucléaire. Il précise également que l’arrêt du nucléaire dans l’archipel a engendré une balance commerciale déficitaire à cause d’un surplus des importations d’hydrocarbures, un ralentissement de l’activité économique et une baisse des rentrées fiscales.
91,15 %
C’est la part de l’électricité du Japon produite avec des énergies fossiles entre avril 2014 et mars 2015. Pour compenser la fermeture des réacteurs nucléaires, le Japon a augmenté la production des centrales thermiques au gaz, pétrole et charbon. Certaines centrales thermiques ont même été rouvertes. Avant l’incident de Fukushima, les centrales nucléaires fournissaient entre un quart et un tiers de l’électricité du pays. Aujourd’hui, le gouvernement de Shinzo Abe souhaite avec le redémarrage progressif du nucléaire réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 26 % d’ici 2030, conformément aux engagements pris envers la communauté internationale. Pour cela, le gouvernement vise 20 à 22 % de l’électricité d’origine nucléaire. #waitandsee
Quelques 200 personnes étaient rassemblées devant les portes de la centrale de Sendai ce matin, dont Naoto Kan (2010-2011), Premier ministre au moment de l’incident de Fukushima et devenu depuis un des plus virulents porte-paroles du mouvement antinucléaire. Il qualifie ce redémarrage « d’erreur ». Plusieurs autres anciens Premiers ministres sont devenus de fervents défenseur de la cause antinucléaire, y compris Junichiro Koizumi (2001-2006), mentor de Shinzo Abe. Si les opposants au nucléaire restent nombreux, leur nombre a diminué en quatre ans.
En 2012, ce pourcentage avait chuté de 12 points (70 %). En 2013 il n’avait pas bougé, mais un an plus tard, il diminuait de 24 points (56 %).
48
C’est le nombre de réacteurs dont dispose le Japon, dont au moins cinq doivent être démantelés. Sur le plan technique, vis à vis de l’âge, de la localisation et des conditions des installations, un peu plus de 30 pourraient potentiellement être redémarrés. Sauf que 30, c’est beaucoup. Pour l’instant, un c’est déjà bien. #ChaqueChoseEnSonTemps