Rentrée littéraire : la course aux prix et au pilon
Depuis le 20 août et jusqu’à fin octobre, les libraires sont écrasés sous les cartons de livres. La rentrée littéraire se déroule chaque année en deux épisodes, un en janvier moins suivi et un en septembre sous les projecteurs. L’objectif : se faire repérer pour les prix d’automne ou pour les ventes qui précèdent les fêtes de fin d’année. Un rendez-vous médiatique, où chaque maison d’édition avance ses pions, mais où les élus sont rares parmi la montagne de candidats.
589 romans de fiction font partie du cru 2015. Parmi eux, 196 romans étrangers traduits et 393 romans français. Certes, il y a des nouveaux entrants, on compte 68 premiers romans français, mais il y a aussi les habitués, comme Amélie Nothomb, qui participe à chaque rentrée littéraire depuis 1992, avec cette année « Le crime du comte Neville » chez Albin Michel.
À chaque rentrée, environ 600 nouveaux romans sortent en même temps dans les librairies
Pourtant, être labellisé « rentrée littéraire » ne garantit pas le succès. Seule une vingtaine de titres s’en sortent bien, souvent ceux qui sont récompensés par un des prix littéraires, qui se tiendront entre le 29 octobre et le 5 novembre. Outre la reconnaissance des pairs, ces prix conduisent, en effet, à des ventes conséquentes : en moyenne, un titre qui reçoit le Goncourt est vendu en moyenne 400 000 exemplaires, 130 000 pour le Goncourt des lycéens, 200 000 pour le prix Renaudot, 150 000 pour le prix Femina, 80 000 pour le prix Interallié ou encore 55 000 pour le prix Médicis. #business
Les autres, ces centaines de titres passés inaperçus et leurs milliers d’exemplaires invendus (environ la moitié de l’ensemble des tirages de la rentrée littéraire) sont envoyés au pilon, pour être recyclés en boîtes à chaussures et autres cartons d’emballage.
Une part minime du marché du livre
Être un succès de la rentrée littéraire est une notion toute relative. En 2014, le livre de la sélection qui a fait la plus grosse vente est « Le Royaume », roman d’Emmanuel Carrèze, prix Renaudot en 2011, avec 157 530 exemplaires. Pas mal, mais cela ne lui offre que la 8e place du classement Edistat des ventes de 2014 loin derrière « Merci pour ce moment » de Valérie Trierweiler et « Cinquante nuances de Grey » de E.L. James qui ont vendu près de 4 fois plus, avec respectivement 603 300 exemplaires et 575 000 exemplaires.
Ainsi, en 2014, d’après le cabinet GfK, la rentrée littéraire a représenté 1,1 million de livres vendus et 21,4 millions d’euros de chiffre d’affaires. Une grosse goutte d’eau au sein du marché du livre (romans, professionnel et scolaire confondus), qui malgré une baisse de de 0,7 % en volume et 0,6 % en valeur par rapport à 2013, s’élève à 351 millions d’exemplaires vendus (chiffres de TNS Sofres et du Ministère de la Culture et de la Communication).
Vague d’optimisme
Éditeurs et libraires semblent plutôt positifs à l’approche de cette rentrée littéraire, bien que cela demande une organisation considérable. En effet, le marché du livre est certes en baisse depuis 4 ans, mais le nombre d’acheteurs est plutôt stable : 53 % des Français de plus de 15 ans ont acheté au moins un livre en 2014.
Certains secteurs sont en forte augmentation, par exemple le marché du livre d’occasion. Mais c’est surtout le marché de l’édition numérique qui est prometteur. Bien qu’il représente moins de 3 % du marché du livre en volume, en 2014, son chiffre d’affaires s’élevait à 161,4 millions d’euros, d’après le Syndicat national de l’édition (SNE), soit une hausse de 53,3 % en un an.
De plus, les 5 premiers mois de 2015 ont été très bons, d’après le SNE, avec une augmentation de 5 % des ventes par rapport à la même période en 2014.